Le lecteur ne sera pas pris en traître, c’est pourquoi il ne sera pas fait ici de démonstration mystère, révélant en fin d’exercice le double aspect que revêt la notion de « fin ».
J’entends par là, rompre avec la tradition dissertative, bien connue de nos services, qui vise à tourner en une pirouette magistrale (ou non) sur la question, entre clôture et dimension téléologique de l’objet étudié.
Ici, il est très clairement question des deux ! À la fois : faut-il en finir avec la vie d’ermite, et quel en est son véritable but ?
C’est une question à laquelle je ne m’attendais pas si tôt dans mon cheminement. En effet, l'érémitisme ayant été longtemps d’abord, un objectif de vie, puis mon mode de vie effectif depuis quelques années, voici que je le questionne et me demande s’il est tenable, tant la condition d’humaine me fait osciller dans « l’insociable sociabilité »... ou devrais-je dire insatiable sociabilité !
C’est en vivant effectivement dans un ermitage, que j’ai pu pleinement vivre ma condition d’ermite. Cet ermitage a été le lieu de nombreuses révélations, une véritable apocalypse, je lui en serai toujours reconnaissante.
Parmi les leçons que l'érémitisme plus ou moins strict m’a enseignées, je retiendrai notamment celles de l’indépendance d’esprit, la confiance et l’affirmation de soi, le détachement émotionnel et sentimental de tout ce qui peut influencer. En bref, j’ai appris à être et à penser par moi-même, et à être le seul maître à bord de mon esprit.
Hélas non, je vous entends lecteurs contestataires, cela est, à mon sens, ou tout du moins, dans mon cas, impossible sans la condition d’ermite. Moi aussi j’ai longtemps cru que l’on pouvait ne pas être influencé tout en vivant en société. Cependant, l’influence est permanente, et insidieuse lorsqu’on est immergé depuis longtemps dans le bain social. Il m’a fallu, et c’est tout personnel et subjectif, passer par une exclusion de la société manifeste et volontaire pour récolter les effets positifs et les nombreuses leçons d’un érémitisme conscient.
Aujourd’hui enfin, je clôture ce billet qui a été initié il y a de cela plusieurs mois.
En effet, entre les premières lignes et ces dernières, ce sont écoulés presque, ou au moins, deux mois. Ce temps durant lequel, j’ai, tout à la fois, quitté mon ermitage physique, déménagé, troqué la ruralité profonde et sauvage contre un urbanisme raisonné et maîtrisé… et je m’apprête à reprendre, une nouvelle fois le chemin… de l’école (cette fois-ci !).
En effet, pour le lecteur qui ne le saurait pas, je refuse toute forme de travail, mais aime créer et avoir des loisirs. Aussi, ai-je par le passé, occupé la fonction d’enseignante, notamment de lettres dans l’enseignement secondaire. J’avais totalement abandonné l’idée d’une carrière dans le domaine pour plusieurs raisons, et voici que l’artiste que je suis et l’humain que je tente d’être, reprend le chemin de l’école… ainsi demain je donnerai cours en tant que professeur de français, d’histoire-géographie et éducation civique.
C’est comme un loisir rémunéré que j’ai décidé de voir les choses. Ma créativité permanente, mes acquis en matière de génération et direction de projet, mon passage par le monde de la danse, de la radio, de la photographie et de la peinture, tout comme, évidemment celui de l’écriture, sont autant d’atouts dans cette nouvelle page de l’aventure en lycée professionnel, où je n’avais jusqu’alors, jamais mis les pieds.
L'érémitisme me ramène là où j’en étais, mais plus mûre que je n’étais !
Ainsi, en guise de réponse plus explicite à la question première de cet article, je dirai que j’ai mis fin à une certaine forme d’érémitisme, que je retourne dans une certaine forme de société, et que l’érémitisme reste selon moi la meilleure approche contemplative pour qui veut connaître Dieu, tout en constatant qu’il est possible d’accéder à cet état par intermittence, et en l’occurrence, en vivant une forme d’équilibre dans la balance profondément humaine de l’insociable sociabilité.
En vous souhaitant un merveilleux Chemin.
Que la Paix soit sur vous.
حبيبة
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